La faune


 
SOMMAIRE  



Dimanche 21 novembre 2021
Face au frelon, les abeilles asiatiques ont appris à se défendre 

Contrairement au frelon européen, les frelons asiatiques et les frelons géants sont une réelle menace pour les abeilles domestiques. 

Leur mode opératoire varie selon les espèces :

  • Le frelon asiatique ou frelon à pattes jaunes (Vespa velutina) chasse en solitaire et s'attaque aux butineuses à l'extérieur de la ruchepour en dévorer le thorax, riche en protéinesUn seul frelon peut décapiter 20 abeilles par minute,30 000 individus peuvent disparaître en quelques heures !

Le frelon asiatique à la manœuvre

  • Les frelons *géants (Vespa soror Vespa mandariniachassent en groupe. 
    Un 
    "éclaireur" marque d'abord chimiquement la ruche convoitée en s'y frottant le ventre, puis il revient avec plusieurs dizaines de congénères. La horde élimine toutes les ouvrières sur son passage, elle prend le contrôle de la ruche et pénètre dans le nid pour y prélever les larves qui serviront à nourrir sa propre couvaison.
    *les frelons géants
     peuvent atteindre 5 cm de long.

Venus en nombre, les frelons géants auront bientôt la voie libre...


Au fil du temps, les abeilles asiatiques ont développé
des techniques de défense !

>> La "Ola":
Pour tenir le frelon asiatique à distance, les abeilles se regroupent en 
pack compact et réalisent une "Ola", des plus impressionnantes en faisant vibrer leur abdomen en rythme et de façon synchronisée. La parade est efficace pour dissuader le frelon d'approcher. 


>> Le "heat-balling":
La technique aboutit à la mise à mort du frelon : les abeilles se précipitent en nombre sur l'individu qui les menace et l'enserrent jusqu'à former une boule vrombissante, dont la température atteint vite les 47,2°C, un seuil qui se révèle fatal au frelon.



>> La barrière d'excréments :
Ce comportement a été observé au Vietnam : après des attaques de frelons, les abeilles se sont mises à tapisser l'entrée de leur ruche de déjections animales (bouses et fientes qu'elles trouvent à l'entour). Il s'ensuit  alors une diminution flagrante des tentatives d'effraction. L'hypothèse avancée par les chercheurs serait que les abeilles parviennent ainsi à masquer le marquage de leur ruche... 



>> Des signaux d'alarme distincts selon les frelons
Selon les travaux du Pr Gard Otis (Université de Guelph), les abeilles reconnaissent différents types de frelons et y réagissent en utilisant plusieurs signaux. Lorsque les frelons géants se trouvent dans le voisinage de la ruche, les abeilles asiatiques (Apis ceranaproduisent des signaux avec de brusques changements de fréquence, ce qui n'avaient encore jamais été observé...


S'agissant des moyens de défense, face au frelon asiatique les abeilles européennes (Apis mellifera) sont encore bien loin du compte, mais les premiers frelons asiatiques ne sont apparus chez nous qu'en 2004 et tous les espoirs sont permis...





Mardi 2 juillet 2019

Œufs de poule : la bonne couleur ?

La pigmentation des coquilles d’œufs, constituées essentiellement de carbonate de calcium (blanc), intervient plus ou moins tôt dans le processus de fabrication.
  • La protoporphyrine (précurseur de l’hémoglobine) donne la couleur  brune  et se dépose 4 à 6 h avant la ponte. L’œuf est alors suffisamment solide pour que le pigment ne traverse pas la coquille.
        
  • La biliverdine (dérivée de la bile) donne la couleur  bleu , elle intervient beaucoup plus tôt dans le processus, colorant la coquille de part en part, comme le montre ce cliché :

La couleur des œufs est affaire de génétique et n’a aucune répercussion sur le goût de l’œuf ou sur sa teneur en vitamines.

La fabrication de la seule coquille demande pas moins de 20 h :
       
 


L'apport en calcium est primordial :
Lorsqu'une poule pond, elle perd de à 2,5 g de calcium : non seulement elle puise le calcium qui circule dans son sang, mais aussi celui qu’elle a pu stocker dans ses os ! Il faut absolument que son alimentation lui apporte un apport suffisant en calcium pour reconstituer son stock osseux...

La couche finale protège l'oeuf :
La minéralisation de la coquille prend fin une heure avant l’expulsion. La coquille s'enduit alors d'une cuticule - couche organique qui bouche les pores et protège l’œuf contre les micro-organismes. Il est donc déconseillé de laver les œufs jusqu'au moment de leur utilisation...


L’habit ne fait pas le moine ! 
Blanc, crème, brun, bleu-vert..., ils se valent tous, mais les préjugés dominent. Ainsi, si en France on aime les œufs bruns-roux, aux États-Unis et en Allemagne, on préfère les œufs blancs immaculés...
😉





Vendredi 19 avril 2019
Les orvets émergent au printemps


Sous le soleil d'avril, il file entre nos pieds et c'est l'émoi ! Beaucoup de gens le prennent pour un serpent... Il s'agit en fait d'un orvet fragile (Anguis fragilis) - un lézard apode (dépourvu de pattes) parfaitement inoffensif, auxiliaire précieux, très utile pour réguler les populations d’insectes et de parasites au potager.

Sa longueur varie de 30 à 50 cm, dont plus de la moitié représente la queue. Comme les autres lézards, il peut se défaire de celle-ci pour échapper à un prédateur, d'ou son surnom de serpent de verre. Une queue plus courte (2-3 cm) repousse alors, rigide et sombre, un moignon...





Sa langue bifide (fourchue), qui rentre et sort en permanence, est une véritable épuisette à odeurs : elle capte les molécules dans l'air et au sol, et les transporte jusqu'à 2 cavités distinctes de l'organe de Jacobson, un organe chimico-sensible qui lui permet de localiser ses proies et ses partenaires potentiels. 




L'orvet se distingue aisément du serpent :
        

> Sa tête, petite et fine, est peu distincte du cou, tandis que les serpents d’Europe de l’ouest ont généralement le cou fin et une tête large.

> Ses yeux sont pourvus de paupières mobiles, il cligne des yeux, tandis que les serpents n'ont pas de paupières.

> Sa peau est lisse et luisante, grâce à de petites écailles qui ne se chevauchent pas, contrairement aux serpents.



          
Les jeunes sont de couleur or ou argent, avec
une ligne vertébrale noire et des flancs noirs. Ils mesurent 7 à 10 cm.



Les mâles sont marronde couleur uniforme, 
parfois avec de petites taches bleues sur le dos et les flancs.



Les femelles ont le dos clair, les flancs noirs
et parfois une ligne vertébrale noire

    
L'animal recherche les endroits plutôt humides et passe la majeure partie de son temps caché sous les feuilles mortes, les branchages, ou le compost. Il craint le froid et la grosse chaleur, et ne sort que le matin pour se réchauffer, et le soir ou après la pluie pour chasser.

Témoignage de Nick Baker, naturaliste et présentateur de la BBC..



Au printemps, à partir d'avril, ont lieu les accouplements, précédés de féroces combats entre mâles pour les yeux de la dulcinée. 


A la fin de l’ététous les deux ans, la femelle pond de 5 à 20 œufs - petits sacs constitués d'une membrane translucide et souple, que les bébés orvets percent aussitôt expulsés. Il leur faudra trois ans pour devenir adultes, sachant que l'espérance de vie d'un orvet est d’environ 30 ans ! (longévité maximale connue : 54 ans....)

A la fin de l'automne notre animal commence à hiberner. Il passe alors l'hiver en léthargie, seul ou en compagnie de plusieurs dizaines de congénères, dans un terrier recouvert de terre ou de mousse, ou sous une litière de feuillus.


Côté nourriture, le régime de l'orvet est en tout point identique à celui du crapaud, il a d'ailleurs les mêmes lieux de vie : vers de terre, limaces, mollusques, cloportes et autres insectes divers sont au menu.           
On l'a vu dévorer jusqu'à 20 limaces, en l'espace de 20 minutes ! 

Ses prédateurs naturels sont la couleuvre coronelle, les rapaces diurnes et les petits carnivores (genette, renard, blaireau…), mais chats et poules en sont également très friands. 

L'orvet se fait de plus en plus raredu fait de la disparition de ses habitats (haies, friches), de l’emploi d’insecticides et de la circulation routière. En France, il est une espèce protégée depuis 2007,  







Mardi 02 avril 2019
Un champignon aquatique décime les batraciens

Les œufs de notre mare ont éclos, et les tétards devenus grenouilles plongent sous les yeux émerveillés de Masillya et Tacy. Savons-nous seulement qu'un fléau les menace ? 


Aux quatre coins du globe, un champignon aquatique microscopique, le champignon chytride Batrachochytrium dendrobatidis (Bd)est responsable de la mort de milliards de grenouilles, crapauds et autres batraciens.

Il tue ses victimes en grignotant leur peau, entraînant l'arrêt de ses fonctions vitales ou des attaques cardiaques mortelles. 
En effet, si dans l'air les batraciens respirent grâce à leurs poumons, sous l'eau ils respirent par la peau...

Les amphibiens se contaminent dans l'eau, où le champignon à l'état de spore s'incruste dans leur peau, s'y développe et forme alors des zoosporanges, qui produisent à leur tour des zoospores.

En 1998, les premiers cas sont observés en Australie et en Amérique centrale, puis le mal devient un phénomène mondialentraînant l'extinction de 90 espèces de batraciens.




En France, en 2006, le chytride Bd est responsable de la mortalité massive de crapauds accoucheurs au lac d'Arlet dans les Pyrénées. Le Bd est présent dans toutes les régions de France. S'il existe différentes lignées, qui varient en virulence, la plus virulente est la lignée Bd-GPL, observée en Amérique du Nord et Centrale, Australie, et Europe (dont les lacs des Pyrénées). 



Le champignon existe depuis des millions d'années en Asie, sans qu'aucun déclin d'espèces n'ait été constaté. Il aurait dû demeurer dans les régions reculées des jungles orientales, mais l'essor du commerce international a facilité sa propagation sur les cinq continents.

Selon les chercheurs, les mouvements humains d’amphibiens tels que le commerce des animaux de compagnie ont directement contribué à la propagation du pathogène dans le monde entier. Tous plaident pour le renfort de la biosécurité à travers les frontières, pour assurer la survie des espèces vulnérables.


Une lueur d'espoir cependant :
En 2018, les recherches ont révélé qu'au Panama, neuf espèces de grenouilles – soit 12% des amphibiens – sont revenues à des niveaux de population proches de ceux estimés avant l’arrivée de Bd. 
Elles auraient réussi à s’adapter et à ralentir la croissance de Bd grâce aux substances microbiennes présentes dans leurs sécrétions cutanées. 





Lundi 10 mars 2019
Des vers blancs bien utiles au jardin

Ce gros ver blanc est en fait… une larve ! Il s'agit de la larve de la cétoine doréeCetonia aurata, un coléoptère reconnaissable à scarapace vert métallisé et à ses reflets dorés.

La larve et l'insecte adulte sont de précieux auxiliaires.

Larves de cétoine dorée sur un tas de compost...


Au stade larvaire : 
En se nourrissant de déchets végétaux et de matières en décomposition - feuilles mortes, bois pourri, compost et paillis divers - la larve de cétoine dorée recycle la matière organique en humus et en compost.

Au stade adulte : 
L'insecte, encore appelé hanneton des rosesse nourrit d'exsudats, de sève de fruits, et de fleurs. S'il mâchouille les fleurs plus qu'il ne les butine, les chauves-souris, les oiseaux, les mammifères et les amphibiens, que l'on a pris soin d'attirer au jardin, ont tôt fait d'en réguler le nombre.

La cétoine dorée s'avère un excellent pollinisateur, son corps couvert de petits poils collecte et redistribue le pollen des fleurs qu'elle visite. 


En juin : 
Après avoir pondu leurs œufs dans des matières organiques en décomposition les femelles adultes meurent. Les mâles, quant à eux, meurent à la fin de l'été. 

Au printemps suivant : 
Parfois au début de l'été, les larves éclosent. Elles grossissent alors, en passant par plusieurs stades, jusqu’à atteindre les à 4 cm...

Au bout de 2, voire 3 ans : 

...L'insecte est devenu adulte et ne vit que quelques mois.
   Au mois de juin, le cycle recommence.


Attention cependant à ne pas les confondre avec les larves de hannetoncommunes dans nos jardins et dont la concentration ne doit pas dépasser le seuil de tolérance de 5/m2. Cenuisibles se nourrissent de toutes les racines qui leur passent sous la dent. Il est donc impératif de savoir distinguer ces deux larves ! 

A y regarder de plus près, plusieurs détails font la différence :


Un test simple permet à coup sûr de les départager : posée sur un sol dur, dans lequel elle ne peut s'enfoncer, la larve de cétoine se déplacera sur le dos, à laide des ses poils et non de ses pattes 'atrophiées'...



Dernier indice : 
Les larves de hannetons ne fréquentent ni le compost, ni le bois en décomposition, elles se nourrissent exclusivement de racines fraîches

Une larve de hanneton à l'œuvre

Point positif : 
Elles attirent de nombreux prédateurstels que les hérissons, les oiseaux, les taupes ou les chauves-souris, qui peuvent également réguler d’autres populations de larves et d’insectes. Si ces prédateurs sont là, les larves de hannetons occasionnent peu de dégâts.




Mardi 2 octobre 2018
Le frelon à pattes jaunes, ou frelon asiatique, envahissant et nuisible

Arrivé en France en 2004, dans des poteries venues de Chine, le premier frelon asiatique aurait accosté à Bordeaux. Les études génétiques montrent qu’une seule et même fondatrice est à l’origine de la population observée aujourd'hui en France.



La progression continue de ce grand prédateur d’abeilles génère de nombreuses inquiétudes. Savoir le reconnaître est capital pour prendre les mesures nécessaires.



On le distinguera du frelon commun européen Vespa crabro, une espèce protégée chez nos voisins allemands, en aucun cas considérée comme nuisible et qui s'avère même utile au rucher, préférant les fausses teignes de la cire aux abeilles. Au premier coup d’œil, le frelon commun est nettement plus gros et de couleur jaune.



Les reines fondatrices, qui auront été fécondées à la fin de l'automne, sont les seules de la colonie à survivre à l'hiver. Aux premières gelées, elles quittent le nid pour hiberner, dans une litière ou à l’intérieur d'un tronc pourri. 

Le frelon asiatique apparaît plus tôt dans l'année que le frelon commun : FIN FÉVRIER OU MARS, contre mai pour le frelon commun. Tout frelon asiatique aperçu entre le 15 février et le 1er mai sera à coup sûr une femelle fondatrice. 

Quand la température dépasse les 13°C, les frelones qui ont résisté à l'hiver s'alimentent pour reprendre des forces, avant de construire seules un nid primaireou nid de printemps. Elles se nourrissent alors uniquement de miel et de nectar de fleurs, et se disputent âprement les sites de nidification. Au final, seules 1% des fondatrices produites à l’automne parviendront à fonder une colonie viable. 

Les nids sont construits à partir d’écorce et de feuilles d’arbres que les frelons malaxent pour obtenir une sorte de pâte à papier. DÉBUT MAI tout s’accélère : ponte, approvisionnement, agrandissement du nid, etc. 




Nid primaire : taille d'une orange / entrée unique par le bas
A ce stade, le nid peut être détruit par un particulier : le soir, avec une bombe insecticide ou prudemment mis en sac, écrasé ou mis au congélateur 48 h afin de tuer les quelques frelons qui l'habitent.

EN AOÛT, 2 colonies sur 3 déménagent par manque de place, un "nid principal", ou nid d'été, est alors édifié par les ouvrières dans un arbre, à plus de 10 m de hautDe forme ovoïde, il peut atteindre jusqu'à 80 cm de haut, caractérisé par de petites écailles concentriquessouvent en pleine lumière (contrairement au nid de frelon européen).






Jusqu’au début de l'automne, la colonie se compose exclusivement d’ouvrières - des femelles stériles, dont durée de vie ne dépasse pas un mois. 



A l'automne, une génération de sexués - mâles et femelles - voit le jour. EN OCTOBRE, la colonie compte près de 2 000 adultes.

Nid secondaire : forme de poire, jusqu'à 1 m de diamètre, 1 seule entrée latérale
Ces nids doivent être signalés en mairie pour être détruit par un professionnel.    

EN NOVEMBRE, la boucle est bouclée : mâles et femelles quittent le nid pour s’accoupler. Chaque nid pourra ainsi produire jusqu'à 500 fondatrices, dont 5 seulement deviendront reine... 
  
La piqûre de cet insecte, comme celles des autres vespidés est très douloureuse, mais sa toxicité est en moyenne 10 fois inférieure à celle du venin d’abeille. 

Le frelon asiatique, redoutable prédateur de l'abeille domestique

Les apports de protéines nécessaires à l’élevage du couvain de ce frelon ne proviennent pas du pollen des fleurs, mais de substances animales : outre les chenilles, papillons, mouches et araignées, son régime comporte 80 % d’abeilles domestiques en zone urbaine et de 45 à 50 % en zone rurale (en fin de saison, ils sont aussi attirés par les fruits mûrs).

Les pertes massives d'abeilles causées par ce frelon ne sont pas tant dues à ses attaques qu'au stress important que cause son vol stationnaire. La colonie, ne parvient plus à maintenir une activité suffisante pour se nourrir, elle s'affaiblit et succombe à l'hiver ou aux maladies.

L'attaque d'une ruche par les frelons asiatiques
 et la contre-attaque de ses abeilles

           


Le frelon asiatique ne connaît pas encore de prédateur capable de contrarier son expansion. 

Les attaques de la Bondrée apivore Pernis apivorus ne parviennent pas à réguler les populations de frelons asiatiques : ce rapace migrateur n'est présent en France que de mai à fin août, quand il ne s'intoxique pas en consommant les individus de nids traités et laissés dans les arbres... 

Contrairement à ce que laisse penser son nom, la Bondrée apivore consomme surtout les larves et nymphes des guêpes et des bourdons dont elle détruit les nids.

Vidéo d'une attaque musclée de Bondrées apivores
(couper le son et positionner le curseur à 3 min)

           



Le piégeage pour réguler les populations reste une illusion

À l'automne, des centaines de femelles sexuées quittent le nid par vagues et se dispersent jusqu'à 60 km alentour : aucun piégeage ne peut freiner ce front d’invasion...

Au printemps, les reines se disputent les nids : si l’on en piège certaines, on libère le terrain pour d’autres qui n’auront même pas à se battre...

L'usage d'insecticide empoisonne les prédateurs, ce qui revient à favoriser le frelon...



La pose de pièges est conseillée uniquement au niveau du rucher, afin de diminuer la pression de prédation du frelon asiatique sur les abeilles. Ils doivent être posés à partir du mois de juin et jusqu’à la fin de la période de prédation (octobre à mi-novembre).


Les pièges à base de bière, jus sucré ou jus de cirier fermenté tuent de nombreux insectes et ne sont pas vraiment sélectifs... 



Différents laboratoires (INRA Bordeaux, IRBI de l'Université de Tours) travaillent activement au développement de pièges véritablement sélectifs - les pièges à phéromone...



Cerise sur le gâteau, pour ceux qui arrivent au bout de ce post.
La bande son est une fameuse trouvaille !

           



Mardi 7 août 2018
Les tiques ne tombent pas des arbres

Bien des idées reçues circulent sur la bestiole que l'on peut retrouver dans nos propres jardins...
    
Les tiques sont des acariens parasites, qui se nourrissent du sang de leur hôte. La plupart des 850 espèces de tiques répertoriées dans le monde sont en fait spécifiques à un groupe d'hôtes et si elles s'invitent sur l'homme, ce n'est qu'accidentellement.            
    

Il advient, en de rares occasions, que des Argasidae ou tiques molles adeptes des oiseaux piquent l'homme, mais cela reste hautement improbable. 

Les tiques impliquées dans les pathologies humaines sont essentiellement des tiques dures ou Ixodidae. Et parmi elles, la plus répandue dans nos contrées est l'Ixodes ricinus, responsable de la maladie de Lyme.



           
L'hiver, notre tique s'enfouit dans le sol pour n'en sortir que si la température atteint 7° C plusieurs jours de suite, en général de février à octobreA la belle saison, elle gagne le haut des herbes, de préférence dans les sous-bois et à proximité des zones humides. Au-delà de 23°C et pour peu que l'hygrométrie chute sous les 75%, elle se terre à nouveau...

Ce que l'on croit être sa tête est en réalité un rostre : organe d’ancrage, denté comme un harpon, que la tique plante dans la peau de ceux qui passent à sa portée. 
         
Pour passer inaperçue, elle sécrète des substances anesthésiantes, ainsi qu'un cément qui polymérise au contact de l'air et forme une résine qui emprisonne et maintien le rostre dans la peau. De là nos difficultés pour l'en détacher...


Dépourvue d'yeux et d'oreilles, la tique se repère grâce à des capteurs de gaz carbonique situés sur sa première paire de pattes - deux pattes qu'elle dresse en l'air à l’affût des hôtes de passage. 
L'organe sensoriel olfactif de la tique ou l'organe de Haller
     


La tique ne fait que 3 repas dans sa vie et il peut s'écouler 6 ans avant qu'elle ne parvienne à accrocher son dernier hôte, pour son dernier repas...

Chaque repas donne lieu à une transformation. Après l'éclosion d'une larve pourvue de seulement 6 pattes : 
  • au premier repas, une nymphe émerge d'une mue avec ses 8 pattes au complet ; 
  • au deuxième repas, une nouvelle mue s'opère et un adulte s'en extrait, cette fois pourvu d'un organe reproducteur ; 
  • tout s'accélère alors,... 2000 à 4000 œufs (selon l'espèce) seront pondus, prêts à éclore en deux semaines. Les parents n'y survivront pas.
La taille de la proie varie selon le stade de développement de la tique : d'abord des petits rongeurs pour les larves et les nymphes, puis de gros mammifères et cervidés... pour les adultes.

Le cycle de vie de la tique   (9 min 40)
Les images sont superbes et parlent d'elles-mêmes... (vous pouvez couper le son si les commentaires en Allemand ne vous sont pas accessibles). C'est de très loin la meilleure illustration trouvée sur le Web ! 


Le rôle des tiques dans l'écosystème demeure encore assez mal connu, mais les prédateurs qui régulent leurs populations sont multiples :

   - les mammifères insectivores (musaraigne, taupe hérisson),
   - certains passereaux,
   - insectes (guêpe parasitoïde, carabe, fourmi),
   - araignées et des acariens entomophages,
   - lézards, crapauds et amphibiens,
 sans parler des micro-organismes bactéries ou des champignons, qui sont en outre susceptibles de modifier le comportement de leur vecteur (choix de l'hôte notamment).   

Pas moins de 2000 œufs seraient nécessaires pour le développement de seulement 2 adultes (cf. Randolph et Craine - 1995).

Cependant, la raréfaction des prédateurs au niveau de notre environnement est indéniable. Les causes en sont le réchauffement climatique et l’utilisation massive de fongicides et de pesticides.


Les tiques figurent parmi les plus importants vecteurs de maladies de la planète

Toutes les tiques sont saines à la naissance. Ce n'est qu'après le premier repas, au stade nymphal, qu'elles peuvent contracter des germes, et c'est au stade adulte qu'elles sont les plus à même d'être infectées.
           
La probabilité de transmission d’un agent pathogène par morsure de tique augmente avec le temps de fixation de la tique, en moyenne une vingtaine d’heures après le début du repas

En France, les principales maladies transmises par la tiques sont :

            
- la maladie de Lyme ou Borréliose (toute la France);
- la piroplasmose ou Babébiose (toute la France);
- l'ehrlichiose canine (dans le Midi de la France);
- l'hepatozoonose canine (Sud-Est de la France);
- l'encéphalite à tiques, essentiellement humaine (Est de la France).
                                                                                             


Mais la bestiole nous réserve quelques bonnes surprises !


La salive de la tique, et plus précisément les protéines qu'elle recèle, s'avère une mine d'or pour la médecine...

Une protéine (Amblyomma cajennense)  retrouvée dans la salive des tiques pourrait être utilisée pour traiter la myocardite, une forme potentiellement mortelle de maladie cardiaque, selon une étude de l’Université d’Oxford

Tandis qu'une autre protéine (Ir-CPI)identifiée par l'équipe du Dr Edmond Godfroid, de l'Université Libre de Bruxelles, aurait la capacité de prévenir la thrombose veineuse profonde, les accidents vasculaires cérébraux, les embolies pulmonaires et les accidents cardiaques  (résultats publiés dans la revue américaine Journal of Experimental Medicine).

L'INRA progresse de son côté sur la mise au point d'un vaccin anti-tique basé sur des protéines salivaires d'Ixodes ricinus.



Dimanche 8 avril 2018
Grenouille ou crapaud ?

Un amas gélatineux flottait le 30 mars dernier à la surface de la mare. Était-ce des œufs de grenouilles ou des œufs de crapaud ? La réponse en images :

Bientôt des grenouilles aux Jardins vivants !
😊

L'étape suivante est le têtard, qui se nourrit d'herbes aquatiques... Une fois adulte, la grenouille deviendra carnivore : insectes de toutes sortes (mouches, papillons, libellules), chenilles, vers et autres mollusques seront son menu quotidien. Ces précieux auxiliaires du jardin agissent surtout la nuit.



Lundi 10 décembre 2017
Reconnaître la chouette effraie

Dans la grange des Jardins vivants, le nichoir installé par nos amis de la LPO n'attend plus que son hôte...

L'Effraie des clochers (Tyto alba), encore appelée chouette effraie ou dame blanche, est facilement reconnaissable à sa tête, plutôt grosse par rapport à sa taille, et à son visage étonnamment blanc en forme de cœur, où trônent deux yeux noirs.  


Des cris étranges :
          
La chouette effraie ne hulule pas. Elle chuinte, elle ronfle, elle lance de longs cris tremblants. Rien de bien esthétique mais susceptible d’impressionner l’auditeur la première fois qu’il l’entend.

  • le cri d'alarme : un sifflement rauque lancé en vol, plus faible et plus bas pour la femelle, 
  • le cri de détresse : une série de hurlements traînants, 
  • le cri de défense : un sifflement, et 
  • face à un prédateur mammifère une explosion de hurlements.

La taille d'un pigeon :

Le 30 novembre dernier, nos deux amis Daniel Vigears et Eric Deshayes ont découvert cette dame blanche lors de leur tournée de nettoyage des nichoirs !


Une ouïe exceptionnelle :
          
Grâce à ses oreilles asymétriques (l’une au niveau de l’œil, l’autre au niveau du bec), l'effraie localise ses proies avec une remarquable précision et peut chasser dans le noir complet.

  • Munis de lunettes infrarouges, des chercheurs ont mené l'expérience suivante : dans une grange plongée dans le noir, ils ont fait courir une souris sur un tapis en mousse, pour assourdir sa course, et ont attaché à sa queue un morceau de papier émettant un bruissement. La chouette effraie, descendue de son perchoir, a capturé le morceau de papier et non la souris, démontrant ainsi qu'elle réagissait aux sons et non aux odeurs ou aux rayons infrarouges...(Source Wikipedia)


Un vol remarquablement silencieux : 
         
Bordées d'une frange souple et couvertes d'un duvet moelleux, les plumes de l'effraie absorbent les frottements de l'air. 

Chaque arbre accueille des chenilles qui lui sont spécifiques

Chaque essence d'arbre et de plantes accueille une ou plusieurs chenilles spécifiques, c'est dire l'imbrication de leur co-évolution, qui va jusqu'au bio-mimétisme. Il existe 5000 espèces de chenille en France, dont 99% sont phylophages*. 
*phylophage = qui se nourrit de feuilles
Les arbres et leurs chenilles évoluent ensemble. Ainsi, celles-ci n'apparaissent que quand les feuilles ont atteint une certaine taille. Si une partie du feuillage est grignotée, l'arbre n'est pas pour autant en danger...

Les chenilles ont un rôle important :
  • dès le printemps, les pluies de crottes de chenilles enrichissent très rapidement le sol, avec la matière organique minéralisée. 
  • elles éclaircissent la canopée et permettent à la lumière d'atteindre le sous-bois,
  • elles constituent un nutriment riche en protéines pour les oiseaux et les autres organismes.
Grâce aux chenilles, l'arbre se gère pour créer sa matière nutritive, comme nous le montre la vidéo réalisée par Natacha Leroux, rappelant en passant que ce qui est pertinent dans la forêt l'est également au verger...




Voir l'article de Natacha Leroux : "Cultiver avec les chenilles"




Samedi 29 juillet 2017
Les chenilles noires mangeuses d'orties

Ce matin, au moment d'arracher les orties pour accéder aux pâtissons, une vision peu ragoutante nous attendait - une ortie infestée de chenilles !  Et pourtant... c'était là des amis.         
Les chenilles du Paon du jour (Aglais io) sont noires avec des pattes orangées.
           

Malgré leur aspect de « barbelé », elles sont d'une totale innocuité (non urticante et non vulnérante) et elles attirent nombre d'oiseaux insectivores...



Quant au papillon, le Paon du jour, ou Oeil-de-Paon, il est reconnaissable à ses ailes très colorées, aux taches bleues, violettes, blanches, rouges oranges et brunes, présentant des cercles semblables à des yeux. Comme de nombreux autres papillons, les Paons du jour sont indissociables de l'ortie


De nombreuses espèces de plantes, dites entomophiles, ont besoin des insectes pour assurer leur reproduction. Les papillons y contribuent largement, aux côtés des abeilles notamment.

À noter : certaines fleurs, comme la valériane, ne sont pollinisées que par les lépidoptères.

Le carabe, grand amateur de limaces...

La présence de carabes est un bon indicateur de biodiversité. Si vous en avez dans votre jardin, réjouissez-vous, c'est signe que votre petit écosystème se porte bien !

Petit mais costaud !!!
Le carabe est un moyen naturel(1) et efficace pour réguler le nombre de limaces dans votre jardin, sans pour autant les éradiquer... 

Cousins des scarabées et des coccinelles, il joue un rôle essentiel dans l'équilibre des écosystèmes et la fertilité des sols. 

En France, le genre regroupe environ 1000 espèces, dont plusieurs figurent sur la liste des insectes en voie de disparition

Carnivore et particulièrement vorace au stade larvaire, il chasse surtout la nuit et se nourrit de limaces, d'escargots, de pucerons, de larves en tout genre (carpocapse, mouche du chou, de la carotte...), de doryphores, de petits coléoptères, (mais aussi, hélas, d'araignées et de vers de terre : les exigences de la chaîne alimentaire prévalent sur celles du jardinier...) 

Le baveux, le vorace et le téméraire !.
            


Comment le reconnaître ?
  • Il mesure entre 10 mm et 35 mm de long, selon l'espèce.
  • Les plus courants sont le carabe des bois - Carabus nemoralis (carapace noire à reflets violacés), le carabe doré - Carabus auratus (carapace verte à reflets dorés, ou encore le carabe à reflets cuivrés - Carabus auronitens ( carapace noire marquée de reflets verts-dorés).
  • Ses élytres - la première paire d'ailes rigides recouvrant la 2e paire d'ailes - sont marquées de sillons.           
  • La deuxième paire d'aile est atrophiée : les carabes ne volent pas, ils courent.          
  • Sa tête est plus étroite que son thorax - le segment situé entre la tête et l'abdomen.        
  • Ses antennes sont longues.             
  • Sa larve est de couleur noire.  
      

Malgré sa taille relativement petite, c'est un redoutable prédateur. Il saisit ses proies avec ses puissantes mandibules pour leur appliquer une solution digestive avant de les consommer.  Il est rapide (8 km/h en pointe) et très vorace : certains carabes peuvent ingérer jusqu'à 125 pucerons ou 6 limaces par jour !

Aperçu de la diversité des carabes (4:31 min)
(commentaires en allemand, pour ceux qui comprennent)
    

Comment encourager le retour des carabes ?
              
Il suffit de leur fournir de quoi se réfugier pendant la journée, à l'abri des oiseaux et des rongeurs, et pour l'hivernage : des cultures paillées toute l'année, des herbes hautes, quelques branchages, un tas de pierres, des arbres et des buissons (fruitiers !), une mare naturelle ou encore un hôtel à insectes...

(1) Les prédateurs des limaces, escargots et de leurs œufs sont nombreux : oiseaux, hérissons, taupes, musaraignes, crapauds, grenouilles, salamandres, orvets, carabes, staphylins, milles-pattes, lampyres et bien d’autres… il faut donc leur fournir des abris et des conditions favorables à leur reproduction.




Jeudi 23 mars 2017
Les limaces, bien mal aimées et pourtant...
           
"Demain les limaces auront tout boulotté..." s'est exclamé Néné devant nos premières salades. Jusqu'ici il a tout faux, mais ne nous berçons pas d'illusions, les limaces sont une saleté !!!!


Ce sont pourtant de précieux auxiliaires au jardin, pour peu qu'on les nourrisse et qu'on les attire à l'écart de nos plantations favorites. D'ailleurs leur nombre se régule de lui-même, dès lors que les bonnes conditions sont réunies...

La plus répandue chez nous est la limace brune - Arion vulgaris rubus. En bonne limace, elle vit la majorité du temps sous la terre et ne sort qu'à la nuit ou au retour des pluies, car sans eau elle ne produit pas de mucus et ne peut se déplacer.
            
Au potager, trop de limaces herbivores en surface sont à coup sûr le signe que notre terre est trop riche en azote...

Enfin, soulignons la fonction écologique majeure des limaces !

  • Elles recyclent la matière organique dès sa décomposition...
  • Elles aèrent et hydratent le sol dans lequel leur mucus joue un rôle de liant, et accélèrent ainsi la circulation des nutriments et des minéraux dans des conditions optimales.
  • Elles participent à la dissémination des spores des champignons.
  • Elles luttent enfin contre le développement de parasites et de pathogènes en mangeant la matière en décomposition avant leur état de putréfaction et d'oxydation au contact de l'oxygène.
Pour découvrir le monde merveilleux des limaces, Natacha Leroux vous invite à
      

Et un incontournable : la vidéo (en deux parties) d'une conférence de l'agronome franciscain Hervé Coves sur la gestion holistique des limaces :
    
        > 1ère partie (30 min)
        > 2ème partie (45 min)



Dimanche 19 février 2017
Les vers de terre, travailleurs de l'ombre

Infatigables laboureurs, ils aèrent le sol, mélangent les 
minéraux et la matière organique qui s'y trouvent, recyclent des quantités considérables de carbone et d'azote... 
          
Il en existe cinq mille espèces dans le monde, dont cent quarante en France, qui se répartissent en trois groupes :
         


Une vidéo étonnante nous dévoile l'activité incessante des vers anéciques, qui viennent faire leurs provisions à la surface du sol, tout en restant prudemment accrochés par la queue à l'entrée de leur terrier :
         


Pour aller plus loin,
un dossier complet sur le blog de
 Christophe Gatineau.



Dimanche 15 janvier 2017
La faune du sol

L'hiver venusous le couvert du sol, le travail continue... Un sol vivant abrite toute une faune que nous font découvrir Lydia et Claude Bourguignon, les fondateurs du LAMS (Laboratoire Analyses biologique Sols) : 
  • une faune épigée, en surface, qui mange la matière organique et la réduit en boulettes fécales, que des champinons transformeront en humus,
  • une faune endogée, en profondeur, qui se nourrit des racines mortes et aèrent les sols,
  • une faune anécique, les grands vers de terre qui mélangent constamment argile et humus pour former le sol.